Marie de Hennezel et Domitys : un autre regard sur le bien-vieillir
Dans le cadre de son engagement pour le bien vieillir, Domitys a lié un partenariat avec la psychologue et écrivaine Marie de Hennezel. A l’occasion d’une récente conférence et de la sortie de son livre « Et si la vieillesse libérait la tendresse ? », Marie de Hennezel revient sur l’importance de changer notre regard sur la vieillesse, et sur le partenariat innovant et bienveillant qu’elle a engagé avec Domitys, pour nourrir ce nouveau regard.
Pouvez-vous nous présenter votre démarche et le cadre de votre partenariat avec Domitys ?
Marie de Hennezel : Bien sûr ! Je suis psychologue de formation et je mène un travail depuis une dizaine d’années sur la prévention de la perte d'autonomie. Ce travail se déploie au travers de conférences mais également d’un parcours, « L’aventure de vieillir », que j'ai créé et mis en place et qui est maintenant animé par des psychologues que j'ai formés à mon approche. Notre collaboration avec Domitys a débuté il y a dix ans. Elle repose sur la mise en place de ce parcours au sein des résidences ainsi que l’organisation de conférences thématiques, toujours en lien avec le bien vieillir.
Comment s’organise ce parcours « L’aventure de vieillir » ?
Marie de Hennezel : Ce parcours est composé d’une conférence inaugurale, suivie de sept rencontres organisées tous les quinze jours. Nous travaillons par petits groupes d’une quinzaine de personnes environ. Ce programme créé il y a dix ans avec Domitys est totalement innovant, et ce, pour deux raisons. Tout d’abord parce que le travail que nous faisons n’a rien à voir avec une « pathologisation » de la vieillesse. Nous abordons au contraire la vieillesse comme une chance.
Deuxième point : le groupe s’engage pour réaliser un travail interactif tout au long du parcours. C’est-à-dire que nous laissons la parole aux résidents. Nous lançons des thèmes et eux s’en saisissent et cela donne des échanges extrêmement riches.
A ma connaissance, aucun autre groupe de résidences seniors n’a adopté cette démarche-là. C’était à l’époque totalement innovant et ça l’est encore aujourd’hui. Domitys a tout de suite compris que, pour que des résidents restent autonomes, il faut qu’ils aient une estime d’eux-mêmes. Et cette estime de soi nous l’avons quand nous nous disons : « tout ce que nous vivons vaut la peine d’être vécu ».
Vous mettez en avant une certaine « jeunesse de cœur » et c’est également le thème d’une conférence et de votre livre « Et si la vieillesse libérait la tendresse ». Pouvez-vous nous le présenter ?
Marie de Hennezel : Le corps vieillit mais le cœur, lui, ne vieillit pas. C’est-à-dire que la faculté et l’envie d’aimer, ou d’être aimé, ne vieillit pas avec l’âge. Ce qui est intéressant c’est de regarder ce rapport à la tendresse. La tendresse est quelque chose de fondamental dans la vie. Elle lie l’enfant à sa mère et nous gardons ce souvenir ensuite dans notre peau. C’est ce qui nous procure, à nous, êtres humains, une sécurité intérieure. Plus tard, en devenant adulte, nous devons nous endurcir pour faire face à la vie. Il y a une notion d’emprise, de pouvoir sur l’autre qui devient très importante. Mais quand nous vieillissons, cette notion d’emprise diminue chez la plupart des gens.
Ce qui intéresse une personne âgée dans les relations humaines, ce n'est pas le pouvoir sur l'autre, mais la rencontre. Alors, naturellement, cette tendresse que nous avions un peu refoulée, reprend sa place. On le voit chez les personnes âgées, beaucoup ont besoin de ce contact tendre. Il y a toute cette bienveillance qui est très importante. C’est le sujet de cette conférence que nous avons donnée au Havre et que nous donnerons ensuite à Caen. Parce qu’en vieillissant, il y a une ouverture et cette ouverture donne beaucoup de joie aux personnes âgées qui l’acceptent.
Pour conclure, pouvons-nous dire que l’approche que vous avez déployée avec Domitys, est liée à une dynamique de prévention ?
Marie de Hennezel : Effectivement. Avec cette approche, Domitys est vraiment dans la prévention et c’est aujourd’hui un enjeu qui est plus que jamais d’actualité. La loi Grand Age a été abandonnée et c’est aussi pour cela qu’il faut mettre l’accent sur la prévention. Ce parcours proposé par Domitys aux résidents est un exemple de ce qu’il est possible de faire. C’est pour cette raison que cela me tient à cœur car l’enjeu est vraiment primordial.