Gaëlle Nohant : rencontre avec la gagnante 2021 du Prix Littéraire Domitys
Prix littéraire Domitys
Mis à jour le 6 juillet 2021
Tous les ans, Domitys organise un Prix Littéraire dans ses résidences afin de promouvoir et de valoriser la lecture, tout en fédérant les lecteurs seniors autour d’un projet intellectuel et culturel commun. La 10ème édition du Prix Littéraire Domitys a récompensé Gaëlle Nohant et son roman La femme révélée. En exclusivité, l’écrivaine a accepté de nous parler non seulement de son œuvre mais aussi de sa passion pour la littérature.
Quelques mots sur l’auteure, Gaëlle Nohant
Passionnée de littérature, Gaëlle Nohant, aujourd’hui âgée de 48 ans, a suivi un cursus de lettres. En 2007, paraît son premier roman, intitulé L’Ancre des rêves. Grâce à ce dernier, l’auteure remporte la distinction « Encre Marine ». Ses romans suivants, La Part des flammes et Légende d’un dormeur éveillé, sont également salués par plusieurs prix littéraires.
En 2020, Gaëlle Nohant publie La femme révélée. L’œuvre conte l’histoire d’Eliza Donneley, une jeune photographe contrainte d’abandonner sa famille et son quotidien à Chicago. En 1950, Eliza se réfugie à Paris puis s’invente une nouvelle vie sous le nom de Violet. Durant 20 ans, elle prendra tous les risques pour retrouver son fils et vivre en artiste libre.
Quelle a été votre réaction à l’annonce de votre victoire au Prix Littéraire Domitys ?
Je suis ravie de remporter cette 10ème édition du Prix Littéraire Domitys ! J’ai été prévenue par Stanislas Rigot (ndlr : responsable de la librairie LAMARTINE, Paris 16ème) et j’en suis très heureuse, d’autant plus que je ne partais pas gagnante dans le sens où j’étais en lice avec de très belles œuvres. Chaque roman est pour moi un pari. Je ne sais pas s’il va rencontrer l’écho espéré. Je suis contente que La femme révélée ait plu. Le fait de toucher ce public de seniors est d’autant plus important pour moi. Certaines lectrices se sont peut-être identifiées à l’héroïne, je l’espère !
Comment l’histoire de La femme révélée est-elle née ?
J’ai toujours été fascinée par ces personnes qui parviennent, du jour au lendemain, à changer de vie et à tout quitter. Le personnage principal de La femme révélée, Eliza-Violet, était au départ loin de moi, loin de ma personnalité. Il y avait comme un « rocher » entre nous deux. Pour ma part, je ne peux m’imaginer quitter mes proches et partir vivre à l’autre bout du monde, seule. Et pourtant, au fil du temps, j’ai réussi à comprendre mon héroïne, son ressenti, ses sentiments, ses raisons. Je l’ai découverte. Tout a basculé le jour où j’ai décidé de finalement écrire le livre à la première personne (ndlr : du singulier) plutôt qu’à la troisième personne. Je suis rentrée dans le personnage et m’y suis identifiée.
A côté de cela, le fait qu’Eliza, devenue Violet, soit une femme n’est pas anodin. J’ai justement voulu mettre en exergue le fait que lorsque les femmes quittent tout, quittent leur famille, elles sont jugées, bien plus que la gente masculine. Je voulais comprendre, et que les lecteurs, eux aussi comprennent.
Qu’appréciez-vous particulièrement dans l’écriture ?
Dans le cas de La femme révélée, je me suis interrogée sur énormément de sujets : mes propres choix de vie, de femme, ma liberté, ma maternité, ce que je souhaite transmettre à ma fille, etc. L’écriture offre une perpétuelle remise en question et des personnages de fiction peuvent nous ramener à nous. C’est merveilleux !
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre vocation pour la littérature ?
Avant d’être une auteure, je suis avant tout une lectrice. J’ai appris à lire seule très petite, et dès lors, je me suis passionnée pour les romans. Ces derniers me permettaient de m’immerger dans un autre monde. Un monde magique. Je lisais la nuit, cachais mes ouvrages sous mon lit pour la petite anecdote et préférais être fatiguée toute la journée à l’école. En bref : ma vraie vie commençait le soir, lorsque je me plongeais dans un nouveau roman et ses personnages ! J’ai su dès l’âge de 8 ans que je souhaitais être romancière, après avoir lu Jane Eyre, de Charlotte Brontë. Je voulais, à mon tour, créer des émotions fortes !
Certains œuvres ou auteurs vous ont-ils justement influencé ?
Bien sûr ! On se nourrit de chaque écrivain. Selon moi, il n’y a rien de plus stimulant que le talent des autres auteurs. Outre Charlotte Brontë, d’autres auteurs m’ont influencé et ont encouragé cette vocation d’écrivaine qui était pour moi presque « religieuse » : de Charles Dickens à Honoré de Balzac, en passant par Emile Zola ou Guy de Maupassant. J’ai ensuite découvert d’autres mondes, comme celui de Nabokov ou de Kundera. Je lis encore beaucoup aujourd’hui, malheureusement pas autant que je le voudrais pour le plaisir, mais je continue à me nourrir de tous ces écrivains qui nous entourent ! Je pense notamment aux livres de Joyces Carol Oates, qui m’inspire énormément. Elle va très loin dans le traitement de ses personnages, restitue leur complexité. Je l’admire beaucoup.
Est-il important pour vous d’aller à la rencontre de vos lecteurs ?
C’est très important. J’assimile l’écriture d’un roman à une bouteille à la mer. Lorsque je rencontre mes lecteurs, c’est comme si cette bouteille avait été retrouvée. Ils peuvent alors m’en dire plus sur le livre que j’ai réellement écrit et non sur celui que j’imagine avoir écrit. C’est un peu comme un mouvement : pour qu’il soit complet, il faut le retour des lecteurs à la fin. Ils terminent le livre avec leur ressenti, leurs sentiments et leurs échos.
Quels messages souhaitez-vous adresser aux lecteurs Domitys ?
Un grand merci d’avoir choisi mon roman et son héroïne ! Je suis émue qu’on ait aimé ce personnage, qu’on s’y soit identifié. Je suis touchée et très admirative de cette génération, qui s’est battue pour sa liberté.
Travaillez-vous déjà sur d’autres œuvres ?
L’écriture d’un roman dure entre 2 et 3 ans, parfois plus. C’est un travail intensif. Je suis actuellement en plein travail pour sortir un nouvel ouvrage. Je ne peux pas encore tout dévoiler, mais ce que je peux dire, c’est que, contrairement à mes autres romans, l’intrigue se passera cette fois-ci en 2016. Ce sera mon roman le plus contemporain. L’Histoire sera encore très présente, mais regardée avec des yeux d’aujourd’hui, avec ce que le monde devient.
Rejoignez vous aussi les clubs de lecture Domitys
Si vous souhaitez rejoindre l’un des clubs de lecture des résidences Domitys en vue du Prix Littéraire 2022, c’est possible ! Que vous soyez passionné de littérature ou lecteur occasionnel, chacun est le bienvenu. En effet, nos clubs de lecture sont ouverts à tous, résidents ou personnes de l’extérieur : une façon de tisser des liens et d’échanger autour d’une passion commune, la lecture, dans une ambiance chaleureuse.
N’hésitez pas à vous inscrire en complétant notre formulaire. Vous pouvez également contacter directement la résidence services seniors Domitys la plus proche de chez vous. Vous pourrez ainsi prendre part à la prochaine édition du Prix Littéraire Domitys, qui débutera en octobre 2021. Nous vous attendons nombreux !